Compagnie des Indes
Le Boullongne (52)
Flûte de 600 tx. (1759-1761)
Olivier Bello
Les
trois embarcations sont maintenant prêtes à recevoir les nombreuses pièces
indispensables pour leur bonne marche, à savoir les avirons, les pièces de
mâture, les bâtons de pavillon, les grappins et autres fers de gaffes, etc...
En
ce qui concerne les grappins, il faut savoir qu'ils font office d'ancre pour
les embarcations. Ils sont à quatre branches et ne sont pas si faciles que ça à
mettre en forme: à l'intérieur d'un tube de dimension extérieure adéquate, on
enfonce quatre tiges de laiton dont la partie introduite a été poncée pour être
réduite à une demi-section. Une soudure à l'argent permet de stabiliser cet
assemblage auquel on ajoute une bague pour délimiter la zone d'implantation de
ces quatre branches. Après avoir recourbé les branches pour pouvoir travailler
plus facilement, on note la distance d'implantation des pièces triangulaires
qui permettront l'ancrage sur les fonds, et on ponce légèrement la face interne
de cette courbure. Pour souder ces pièces, on se contente de définir des carrés
que l'on appose sur les tiges, on coupe les excès de ces dernières, et on donne
enfin la forme triangulaire aux fers d'ancrages. Avec une pince douce, on
affine la courbure de la tige de laiton.
Il
reste encore à applatir l'autre extrémité du grappin, et de la travailler pour
obtenir une forme plate que l'on peut percer afin d'y introduire l'anneau qui
permettra de faire passer le cordage du grappin. Il va de soi que toutes ces
soudures sont faites avec un alliage à l'argent.
Une
fois les grappins réalisés, on procède de la même manière pour un autre élément
qui servira à soulager ou draguer les câbles et les grelins. Ayant pour nom
"chatte", il est par contre constitué de trois branches et ne
présente pas de pattes afin de ne pas risquer de blesser ces derniers. Dans le
cas du Boullongne, une seule chatte est mise en forme, pour équiper la
chaloupe.
Les
avirons sont faits chacun de trois parties réunies par des fins tourillons
métalliques.
Les
mâts principaux présentent un tenon inférieur de section carrée pour pouvoir
s'insérer dans la mortaise de la carlingue. La plupart des pièces de mâture
montre une pomme aux extrémités. On notera également la présence de poulies incorporées
dans la partie supérieure des mâts. Celles-ci sont faites au tour afin
d'obtenir une forme soignée et régulière. Quatre fers de gaffe sont aussi
réalisés, dont deux pour la chaloupe. Tous ces détails sont fournis par le
fac-simile du devis du Boullongne.
Quand
toutes ces pièces sont fabriquées, on peut les visualiser pour chaque
embarcation, afin de pouvoir prévoir leur répartition et leur amarrage.
On
constate que le nombre d'articles de la yole est particulièrement réduit.
Pendant
ce temps, on a préparé trois planchettes munies de cales pour pouvoir
stabiliser les embarcations pendant l'amarrage des divers équipements.
Pour
la chaloupe, les pièces de mâture, y compris le bâton de pavillon et les fers
de gaffe, sont amarrés sur la partie centrale des bancs, alors que les avirons
sont répartis sur les deux bords avec leur pelle dirigée vers la proue. La
chatte est disposée entre les caissons et sur le plancher de la chambre
arrière. Les deux grappins reposent contre le premier banc.
Mise
à part la chatte, le grand canot respecte une disposition identique.
La
yole est présentée avec sa mâture en place, ce qui implique son gréement, avec
entre autre des caps de mouton particulièrement petits. Les avirons sont juste
posés sur les bancs, car elle sera mise en place plus tard avec son équipage
sur le flanc du Boullongne.
Une
dernière photo avant l'installation sur le vaisseau permet d'apprécier les
différentes proportions des trois embarcations placées les unes à côté des autres.
On
va maintenant former les trois bers qui supporteront la chaloupe. Ils sont
pfixés sur les baux qui surplombent le parc à moutons et séparent les panneaux
à caillebotis.
Gràce
à des tourillons implantés dans l'échancrure des bers et qui pénétreront dans
la quille de la chaloupe pour lui éviter tout mouvement, on peut juger du
volume considérable qu'elle occupe sur le Boullongne.
Il
est possible de faire une première simulation du futur emplacement de la yole
au pied de l'échelle de coupée. La fixation se fait grâce à deux axes
horizontaux qui sont fichés dans la muraille du Boullongne.
Pour
résumer les dispositions prévues pour les trois embarcations, la chaloupe
restera dans ses berceaux avec peut-être des points d'amarrage des palans
d'étai, la yole devrait se trouver telle qu'elle vient d'être présentée, et le
canot se retrouverait en état de suspension entre les grand mât et celui de
misaine par le biais des palans de bout de vergue.
Les
prochains travaux vont concerner la fabrication de plus de 300 poulies de 15
tailles différentes, et de l'ensemble des pièces de mâture: vergues, mâts de
hune et de perroquet, mâture et vergues de rechange, etc...
Olivier
Bello.