Compagnie des Indes
Le Boullongne (45)
Flûte de 600 tx. (1759-1761)
Olivier Bello
A
présent que l'ensemble de la roue de gouvernail est prêt à être posé, il faut
réaliser deux couples d'éléments qui viendront se placer de part et d'autre de
celui-ci: il s'agit des deux habitacles des compas et des grandes jarres qui
permettent à l'homme de barre de se rafraîchir.
Les
habitacles montrent chacun deux glissières verticales qui laissent apparaître
des cloisons vitrées qui permettent d'accéder à la vision du compas. Les
montants sont équipés de petites chevilles à boucle pour assurer plus tard leur
stabilité sur le plancher du gaillard. On note également la présence habituelle
de la demi-sphère de cuivre qui surmonte le chapeau avec de nombreux trous pour
l'alimentation de la flamme en oxygène.
On
peut maintenant les installer de part et d'autre du passage du mât d'artimon,
de même que la roue de gouvernail qui se trouve juste en arrière de celui-ci.
On remarquera l'habillage en cuivre des orifices qui laissent passer la drosse
du gouvernail, ainsi que des pitons qui serviront plus tard à l'amarrage des
deux jarres.
La
préparation des ces dernières n'est pas évidente: leur forme est faite en bois
grâce au tour, puis mise en peinture pour retrouver la couleur de la terre
cuite.
Parallèlement
à ce travail, on fait également avec le tour les deux couvercles, qui gardent
la couleur naturelle du bois et qui présentent bien sûr un petit débord pour la
fermeture du récipient.
D'autre
part, il faut réaliser un collier métallique qui va venir se placer au niveau
du rétrécissement du col. De plus on soude à l'argent sur ce cerclage un gond
qui servira à l'ouverture du couvercle en bois, l'autre partie du gond étant
équipée d'une pointe qui pénètre dans l'épaisseur du couvercle.
Diamétralement
opposée à ce gond, une ferrure est clouée sur la partie supérieure du
couvercle. Elle possède une fente pour laisser passer une boucle qui est elle
aussi soudée sur le collier. Ce système autorise la fermeture de la jarre grâce
à la pose d'un cadenas.
Pour
le plaisr de la présentation, une des jarres sera présentée fermée et l'autre
avec son couvercle ouvert, afin de pouvoir détailler le travail effectué.
Les
cadenas sont ensuite installés, l'un ouvert et l'autre fermé pour correspondre
à chacune des jarres.
Un
dernier détail, on rélise deux formes rondes en bois qui vont servir de support
aux deux récipients.
Il
est temps maintenant de mettre en place tous ces éléments sur le gaillard
d'arrière, en précisant que les cordages d'amarrage des deux jarres seront
installés plus tard.
Un
petit détail, j'ai réalisé pour le plasir un deuxième ensemble de la roue de
gouvernail accompagné des deux jarres afin d'en faire en petit objet de
décoration.
Tant
que nous sommes sur le gaillard d'arrière, et pour pouvoir coller
définitivement l'habitacle de la grande échelle, nous allons la faire en
utilisant le principe de la photogravure por parvenir à la finesse à la
finesse et à la régularité des montants. Je précise qu'ils ont été faits par un
ami qui maîtrise cette technique, R. Demangeon.
En
effet, en retrouvant les mêmes ajours, certains éléments seront placés en
position horizontale, alors que d'autres correspondront aux rampes de la montée
des marches. Les extrémités haute et basse de chaque pièce vient s'encastrer
dans un rail situé soit dans la face supérieure du support des marches soit
dans la face inférieure de la rampe, le tout étant bien sûr en bois.
Lorsque
toutes les pièces ont été et assemblées, il ne reste plus qu'à peindre les
parties métalliques et à les mettre en place, en se servant d'une longue pince
pour les parties les plus basses qui reposent sur le plancher du premier pont,
avant de coller définitivement l'habitacle.
D'autres
petits travaux sont à l'ordre du jour: toujours sur le gaillard d'arrière, mais
au niveau de la poupe, fabriquons la carlingue du bâton de pavillon de poupe et
son système de fixation.
La
première ne présente pas de difficulté particulière, mais le second est plus
complexe, avec deux ferrures qui entourent une pièce en bois, un montage sur
gond qui suit la forme de celle-ci, et un système de fermeture fait d'une
boucle dans laquelle passe une clavette reliée à une petite chaîne fixée par un
fin piton dans le bordage du tympan de couronnement.
On
peut encore réaliser les deux imposants dogues d'amure. Leur forme doit épouser
celle de la muraille du Boullongne, en tenant compte du débord créé par les
préceintes. Chacun présente un fort rouet, et, sur sa face extérieure, une large
ferrure dans la partie inférieure s'encastre un piton qui retient une grande
boucle.
Après
avoir représenté son chevillage, on l'appose juste en arrière du sabord qui
suit l'emplacement du porte-hauban de misaine.
Profitons-en
encore pour installer les trois défenses qui descendent le long de la muraille
dans la partie centrale du vaisseau. Elles ont pour but de protéger celle-ci
des frottements intempestifs qui pourraient être dûs aux embarcations qui
viennent accoster le long des flancs pour se rapprocher de l'échelle de bord.
Leur partie basse est doublée et descend jusqu'à recouvrir la première des
préceintes basses.
D'autres
pièces demandent à être travaillées: ce sont les sabords d'artillerie qui sont
situés au niveau du premier pont, et des petits sabords d'aération qui sont
placés tout le long de ce pont.
Tous
seront présentés en position ouverte, sauf un qui laissera voir sa structure
extérieure. La face interne montre le traditionnel chevillage très fin et
disposé en quinconce, deux boucles pour maitenir la position fermée, et bien
sûr la feuillure qui évite la pénétration de l'eau.
D'autre
part, la face extérieure fait voir deux fortes pentures équipées chacune d'une
boucle reliée à un cordage qui pénètre dans la muraille du navire au-dessus du
sabord pour pouvoir l'ouvrir.
On
verra encore une fois la pissotière placée sous le sabord pour la sortie soit
des eaux, soit quand les hommes se soulagent.
Les
sabords d'aération sont de très petite taille, et leurs pentures sont donc faites
avec le procédé de la photogravure, pour leur garder une forme régulière.
Ici
encore on montrera les deux faces des sabords en les présentant soit fermés,
soit ouverts, voire entrouverts pour la plupart d'entre eux.
On
remarque aussi la présence de petites boucles et de deux fins cordages pour
leur ouverture ( peut-être aurait-il fallu n'en mettre qu'un?), alors que la
face intérieure ne montre aucun chevillage, mais seulement une boucle pour
empêcher le passage de l'air en cas de mauvais temps.
Au
niveau de la poupe, les deux sabords de retraite sont faits chacun de deux
éléments, ce qui suppose la mise en place des boucles nécessaires à chacun
d'eux. On peut voir aussi sur les flancs de la poupe deux petits sabords pour
l'aération de deux chambres, avec une ferrure de fermeture en forme de U.
Quant
à la chaîne sauvegarde du gouvernail, elle est constituée de maillons tordus
faits en enroulant un fil de laiton entre deux clous correctement espacés, ce
qui permet d'obtenir toujours la même taille.
Les
deux chaînes sont implantées dans la lisse moulurée située au-dessus de la
voûte de la poupe.
Le
prochain propos portera sur la fin des décorations et sculptures de la poupe et
de la proue, avant de réaliser le fronteau du gaillard d'arrière et les
porte-haubans qui supporteront les caps de moutons.
Olivier
Bello.