Compagnie des Indes
Le Boullongne (44)
Flûte de 600 tx. (1759-1761)
Olivier Bello
Il
s'agit maintenant de garnir les deux gaillards, ainsi que l'espace du pont
compris entre eux, des cages à volailles qui vont représenter une surface
d'occupation considérable. Elles sont de 6 types différents, et l'ensemble des
cages sera au nombre de 20! Je vous propose ainsi d'étudier la conception de la
forme la plus simple d'une cage, à un seul niveau. On peut noter sur ce cliché
que les barreaux qui retiennent les volailles sont amovibles et seulement
insérés dans des mortaises d'un support inférieur.
Il
reste encore à complèter cet ensemble du couvercle de la cage, de la mangeoire
destinée à recueillir la nourriture, et des chevilles à boucle qui permettront
de stabiliser la cage sur le plancher des gaillards ou du deuxième pont. On
notera que des ferrures servent à fixer la mangeoire contre le support
inférieur des barreaux. Ces dernières sont toujours clouées sur leur support
(3/10èmes mm).
D'autres
types de cage présentent deux étages superposés, certaines ont une surface
nettement plus grande qui demande des ouvertures supérieures équipées de
charnières, etc... Bref, le travail de ces consructions a demandé près d'un
mois de travail pour parvenir à un résultat correct.
Il
est temps maintenant de procéder à la mise en place de ces cages, en commençant
par le gaillard d'arrière qui montre trois cages volumineuses sur la partie
proche de la poupe. On aura pris soin de présenter l'une d'entre elles avec un clapet
en position ouverte, ce qui donnera l'occasion de mettre en place un matelot en
train d'extraire une volaille de sa cage. Entre temps, on n'aura pas oublié
d'installer quelques poules et autres coqs dont la tête passe entre les
barreaux.
Suite
à ces trois cages de grande surface, on en trouve deux autres, de moindre
taille, qui sont situées sur les bords du gaillard.
Enfin,
trois nouvelles pièces seront mises en place à proximité du fronteau du
gaillard d'arrière, deux se trouvant perpendiculairement par rapport à l'axe du
bâtiment, et la dernière dans l'axe longitudinal des bas-mâts du navire. On
remarquera que ces trois éléments présentent la particularité d'être à deux
étages, et sont plutôt destinés à recevoir des animaux de plus grande taille
(oies, canards, etc...).
On
peut donc mieux apprécier l'encombrement que pouvait représenter l'ensemble de
ces cages au niveau du gaillard d'arrière, ceci limitant bien sûr la liberté de
mouvement des marins pour les différentes manoeuvres.
En
ce qui concerne le gaillard d'avant, deux cages à un seul niveau seront situées
à la suite l'une de l'autre sur chacun des bords, en étant assez proches de la
lisse de plat-bord. L'une d'entre elles sera montrée avec un barreau en moins
qui permet le passage d'un volatile. Ceci a pour but de représenter plus tard
un matelot tenant le barreau en question cependant qu'il s'approche de la bête
pour la saisir. On peut également noter le peu de place qu'il restera pour le
repos des manoeuvres qui seront amarrées sur les différents apôtres des lisses
du gaillard d'avant.
Il
va de soi que la présence des multiples chevilles à boucle sur la partie basse
des cages à volailles implique en retour autant de ces mêmes pièces fichées
dans le placher des gaillards ou du deuxième pont. Il est donc question d'un
travail long et fastidieux pour cette mise en place, avec à chaque fois le
passage d'au moins trois tours d'un mince filin pour relier les deux boucles
entre elles. Ce genre de détail peut peut-être sembler superflu mais permet
d'accentuer une fois de plus la complexité des espaces restés libres pour
laisser les matelots se déplacer sans risquer de se prendre les pieds dans tous
ces points d'amarrage, sachant que, pour le moment, on ne voit pas encore la
moindre manoeuvre du gréement!
Sur
le gaillard d'arrière, de nombreuses pièces d'accastillage sont encore à
réaliser: le banc de quart, l'habitacle de sortie de la grande échelle, les
habitacles des compas, la roue de gouvernail avec ses supports, avec, pourquoi
pas , deux jarres destinées à étancher la soif des hommes qui servent cette
dernière.
Le
banc de quart présente une base avec des volutes décoratives et la base de son
siège est munie de gonds pour servir de coffre.
Il
est situé en arrière des panneaux à caillebotis du gaillard d'arrière et se
trouvera contre la face antérieure de l'habitacle qui abrite la sortie de la
grande échelle. On ajoutera plus tard sur ses montants des chevilles à boucle
pour assurer son maintien.
La
sortie à l'air libre de la grande échelle se fait nécessairement sur tribord,
flanc noble du bâtiment. Elle est encadrée par un habitacle de conception
relativement complexe que nous allons pouvoir maintenant détailler. L'ensemble
des parois est agrémenté de panneaux moulurés, et environ 2/5 èmes de sa partie
supérieures s'articulent grâce à des gonds pour autoriser le passage des
hommes. L'articulation de la charnière se fait par le biais d'une partie
centrale de la première pièce qui est coincée entre deux parties latérales de
le seconde pièce.
Le
couvecle amovible est muni de deux pièces de forme triangulaires, qui seront
montées sur gonds, afin de suivre la pente de l'échelle et éviter aux hommes de
se courber quand ils sortent à l'air libre.
Les
portes qui permettront de fermer cet habitacle sont également équipées de
panneaux décoratifs. Les gonds peuvent s'assimiler à des sortes de crampes.
En
ce qui concerne la partie amovible, un cadre permet de servir de butée pour les
deux portes, de même qu'une planche au niveau inférieur, ce qui d'ailleurs
empêche la pénétration de l'eau par mauvais temps.
Quand
toutes ces opérations sont enfin réalisées, on peut procéder à la mise en place
de cet habitacle, sachant qu'il n'est pas encore collé définitivement puisque
les escaliers de la grande échelle ne sont toujours pas installés.
On
peut ainsi constater que le banc de quart est plaqué contre sa face antérieure,
et que sa façade postérieure, également décorée, est très proche du bas-mât
d'artimon.
La
prochaine étape consiste à mettre en forme l'ensemble qui supporte la roue de
gouvernail, qui, je le rappelle, est simple dans le cas du Boullongne. Une fois
de plus, nous abordons ici un travail de détail qu'il ne faut surtout pas
négliger, car il fera partie des éléments qui sautent naturellement aux yeux de
l'observateur qui s'intéresse aux différentes parties de l'accastillage. Je
précise que le nombre des liaisons entre le marbre et la couronne est sujet à
caution, entre huit et dix, et que j'ai personnellemnet choisi de réaliser le
tout avec huit liaisons.
Dans
un premier temps, on façonne le tambour, dont les extrémités possèdent une
surépaisseur pour arrêter le déplacement de la drosse, sur lequel vont se
ficher huit éléments tournés par le biais de tourillons métalliques. Un papier
millimétré permet de mieux assurer la mise en place de tous ces éléments.
Il
faut ensuite mettre en forme les deux chevalets qui maintiendront les axes du
tambour. Ils présentent un évidement dans leur partie centrale, et l'un deux
posséde une base nettement plus large que l'autre.
Le
plus étroit des deux est épaulé par des renforts de forme gracieuse qui
montrent une surépaisseur sur le pourtour. Ceci est obtenu en concevant la
pièce en deux parties, la moins épaisse s'emboîtant dans celle qui est
périphérique.
Il
reste enfin à concevoir les huit rais de la roue, qui sont tournés en balustre
et se terminent avec une forme de poignée. On aura pris le temps de les
encastrer dans une planchette qui leur servira de liaison avec la couronne de
la roue.
Ainsi,
le tout est prêt à être assemblé, sans avoir oublié de garnir les logements des
axes du tambour de cuivre pour atténuer l'usure dûe aux frottements.
C'est
ainsi que l'ensemble, assez complexe il faut le reconnaître, peut être
considéré avant son installation en arrière du bas-mât d'artimon. C'est le but
des photos qui suivent, et, malgré les promesses du précédent propos, je
préfère achever la réalisation des habitacles des compas et des jarres avant de
vous donner l'estimation des chiffres en cours pour les pièces et les chevilles
du Boullongne.
Olivier
Bello.