Compagnie des Indes
Le Boullongne (43)
Flûte de 600 tx. (1759-1761)
Olivier Bello
Avant
de revenir un peu en arrière pour détailler la construction des bouteilles,
arrêtons-nous quelques instants sur des petits travaux de détails qui ont été
effectués sur le pont supérieur et les gaillards du Boullongne.
En
premier lieu, un chaumard équipé de deux grands réas est installé sur chacun
des bords du bâtiment, à hauteur du grand mât. Il est incrusté dans la
muraille, et l'une des difficultés consiste à le border sur toutes ses faces
latérales d'un mince filet de noyer pour en représenter le calfatage, sans
laisser voir de jour à travers le bordage externe ou le vaigrage.
On
peut également réaliser les garnitures des étambrais des deux bas-mâts principaux.
Elles consistent en l'implantation de deux sortes d'éléments. Tout d'abord, une
grande série de pitons dont la disposition précise est donnée dans les planches
de la monographie.
Les
autres pièces sont des petits taquets à cornes, chacun d'entre eux étant muni
de deux chevilles pour leur fixation, qui serviront à l'amarrage des nombreuses
manoeuvres du gréement.
Ceci
étant fait, occupons-nous à présent de la mise en forme des bouteilles et de
leur décoration.
Les
deux soles étant collées contre la muraille et la face antérieure du tableau de
poupe, on met en place les planchettes qui seront situées sous les fenêtres,
ainsi que la planche qui servira de siège d'aisance aux officiers. Ces
dernières reposent sur une feuillure de la sole inférieure qui fait face à une
autre feuillure de la pièce qui limite la hauteur des planches.
Petit
à petit, on commence à installer les planchettes qui serviront de support aux
fausses fenêtres, celles-ci devant encadrer une ouverture fonctionnelle. Même si
le cliché ne permet pas de le voir, on aura installé au-dessus de la planche
d'aisance un placard de rangement pour les effets des officiers. On peut ainsi
coller le cadre de la première fenêtre factice de la bouteille de tribord.
En
poursuivant le remplissage du volume de la bouteille, on installe le cadre de
la fenêtre, cette fois-ci réelle, qui permet de donner un peu de lumière à
l'intérieur de la bouteille.
Il
suffit alors de poursuivre dans la même voie pour combler l'espace qui relie la
bouteille avec la muraille, et de le parer avec une autre fausse fenêtre.
Celle-ci doit être conçue en surépaisseur en raison de la courbure
particulièrement prononcée de l'extrémité de la bouteille, la forme s'obtenant
bien sûr par un ponçage intérieur pour obtenir la concavité désirée.
Entre-temps,
il ne faut pas oublier la représentation de la vie à bord avec quelques
figurines judicieusement placées. On va donc en concevoir cinq, à savoir un
homme mis aux fers qui semble méditer contre la face postérieure des cuisines.
Ses pieds sont entravés par une barre de métal qui est bloquée par un cadenas.
On
pourra remarquer la présence d'une volaille crochetée contre une paroi de la
cuisine et qui est prête à nourrir les matelots du Boullongne.
Au
niveau de la poulaine, deux personnages sont mis en situation: un homme utilise
la pompe d'étrave, alors qu'un autre se soulage sur un siège...
On
ne peut passer sous silence la quiétude d'un officier qui profite d'un peu
d'intimité sur le siège d'aisance de la poulaine.
Ainsi, certaines étapes indispensables sont à présent
passées, ce qui va permettre de s'intéresser de près aux détails des gaillards,
à savoir la fabrication des cages à poules, du banc de quart, du capot de la
grande échelle, et enfin de la roue de gouvernail.
Ces
manipulations nous feront revenir sur terre pour apprécier l'évolution des
traditionnels chiffres concernant le nombre des pièces et des chevilles du
Boullongne.
Olivier
Bello.