Compagnie
des Indes
Le
Boullongne (40)
Flûte de
600 tx. (1759-1761)
Olivier Bello
Après avoir
passé beaucoup de temps pour concevoir le clavecin et la
grande chambre, cette photo explique d'elle même que
l'essentiel de cet article sera consacré à la
réalisation de toute une série de personnages qui
seront installés entre le gaillard d'avant et la poupe du
vaisseau.
Toutefois,
auparavant, quelques pièces de mobilier doivent être
fabriquées pour agrémenter la grande chambre de
l'état-major. Il s'agit des deux buffets situés de part
et d'autre de la porte d'accès, dune grande table et de quatre
bancs pour les réunions ou les repas des officiers.
Chacun de buffets
est bien sûr fait de deux éléments, et la
difficulté principale consiste à obtenir des placages
décoratifs de très faible épaisseur pour les
rendre crédibles à l'échelle du 1/36ème.
Pour agrémenter la présentation, on représente
l'un des meubles avec des portes légèrement
entrouvertes, ce qui permettra de disposer une figurine en train de
chercher quelque chose à l'intérieur. Quand ces deux
éléments sont achevés, on les met en place
contre la paroi antérieure de la grande chambre.
La grande table est
imposante par sa longueur et demande la mise en place de trois
traverses qui relient les pieds entre eux, et ensuite d'une grande
traverse longitudinale qui traverse les trois précédentes
et se retrouve bloquée grâce à des grosses
chevilles en bois. Comme d'habitude, on n'omet pas de représenter
le chevillage de toutes ces pièces, y compris pour les
renforts qui sont situés en-dessous du plateau.
La réalisation
des quatre bancs se révèle être assez délicate
en raison de la finesse de leurs éléments. En effet, la
section des pieds est inférieure au millimètre, et
ceux-ci se retrouvent réunis par une traverse horizontale dans
leur partie basse. Cet assemblage gagne en solidité par le
biais de fins tourillons en métal.
D'autre part, pour
les bancs comme pour la grande table, il est nécessaire de
prévoir des pieds et des montants assez longs afin de pouvoir
compenser l'inclinaison du plancher de la grande chambre. Le réglage
se fera lors de la mise en place de tout ce mobilier.
Avant de procéder
à cette installation, et pour éviter une manutention
difficile, on va fixer les planchettes qui obturent la partie
postérieure de la grande chambre. Elles viennent s'appuyer
contre la partie courbe des jambettes de la voûte grâce à
des chevilles. Il faut bien entendu ménager l'espace de la
jaumière lors du collage des planches. Quand ceci est fait, on
peut représenter les coffres qui s'adossent à cette
paroi.
En premier lieu, on
fabrique le gros caisson qui entoure l'extrémité
supérieure du safran et permet d'accéder à la
mortaise pour l'installation de la barre de secours (également
appelée fausse barre) en cas de rupture du timon qui est situé
au niveau inférieur.
De chaque côté
de cette caisse, on met en forme trois casiers qui sont surtout
utilisés pour le rangement de divers effets qui appartiennent
au bon fonctionnement de la table: nappes et lingerie, récipients,
etc...
Enfin, un dernier
travail avant de s'intéresser aux figurines consiste à
concevoir les petites fenêtres qui garnissent les ouvertures
des cabines des officiers et de la grande chambre. Elles sont faites
d'une partie vitrée sur laquelle on place les montants et
croisillons avec une colle à prise rapide et dont on égalise
les contours avec le plateau de ponçage. Elles viennent
reposer contre les fines feuillures qui avaient été
prévues pendant la mise en place du vaigrage du deuxième
pont.
A présent, ce
ne sont pas moins de quarante personnages qui vont être
réalisés en une seule fois, afin de donner vie à
ce qui peut encore être représenté entre le
gaillard d'avant et le tableau de poupe du Boullongne. Ils vont se
répartir de la façon suivante:
Trois soldats et un
officier vers la partie avant du passavant de bâbord.
Cinq matelot autour
d'une pièce d'artillerie sur l'arrière du même
passavant.
Dix-sept marins à
la manoeuvre du grand cabestan.
Trois personnages
situés dans les cabines du clavecin.
Sept officiers et
quatre serviteurs qui occupent la grande chambre.
Si les deux premiers
groupes de personnes pourront avoir une attitude relativement
statique, il
n'en va pas de même
pour les hommes qui se trouvent autour du grand cabestan. Leurs
membres inférieurs devront simuler les différente pose
de la marche un peu à la manière de ce que l'on peut
observer avec une chronophotographie. Quant aux officiers qui seront
en train de se restaurer, la position assise sera de rigueur, alors
que les serviteurs se présenteront debout aux abords de la
grande table, excepté un, agenouillé, qui s'occupe à
chercher quelque chose dans l'un des buffets. Enfin, pour ceux qui
sont dans les cabines du clavecin, on rencontrera un couple très
amoureux et un homme assoupi sur une couchette. Je précise que
la plupart des accessoires dont se servent les personnages seront mis
en place, à l'exception de ceux des marins situés
autour du canon, car ils sont très spécifiques et
comportent une fabrication particulière impliquant le mélange
de matériaux comme le bois et le métal.
Ne soyez pas surpris
si l'ébauche des corps représente 43 figures, ceci
vient du fait que je pensais au départ placer 20 matelots
autour du grand cabestan, alors que les impératifs de place ne
m'ont permis d'en disposer que 17!
Dans
un premier temps, on va se préoccuper des hommes à la
manoeuvre en assemblant tête, torse, membres inférieurs
et supérieurs après avoir réduit leurs
proportions pour correspondre à l'échelle du 1/36ème.
En ce qui concerne
les officiers attablés dans la grande chambre, on recherche
pour eux des visages moins vulgaires et, ici encore, des poses
variées.
Leurs serviteurs
seront en position debout, sauf un qui a un genou en terre pour
chercher dans la partie basse du buffet.
Enfin, les soldats
seront apostrophés par l'officier qui tient un sabre dans sa
main droite.
Pour les autres
matelots, situés près d'un canon, le chef de pièce
s'adressera à quatre servants.
Les trois dernières
figurines concernent un homme en train de dormir (il aura une
couverture remontant jusqu'au torse), et un couple adepte de la
gaudriole qui sera isolé dans une cabine du clavecin.
L a
mise en couleurs et en situation pour apprécier les volumes
peut alors commencer.
Désormais, il
ne reste plus qu'à fixer les personnages définitivement,
en se servant de tourillons métalliques qui sont fichés
dans le plancher du deuxième pont.
Cet important et
long travail étant enfin terminé, on va maintenant
pouvoir s'occuper sérieusement de la formation du tableau de
poupe et des fenêtres qu'il comporte, avant de garnir le
vaisseau de ses bouteilles.
Les deux compteurs
atteignent à présent les chiffres de 24 807 pièces
et de 44 239 chevilles.
Olivier Bello.
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